FINANCE VERTE Que faut-il en retenir ?

La finance verte est actuellement une notion très en vogue. Que faut-il alors en comprendre ? Cheikh Khadim Diop, Expert financier et Directeur Conseiller Technique en investissement à la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC) du Sénégal donne des éclairages et évoque la nécessité de promouvoir ce type de finance.

FINANCE VERTE Que faut-il en retenir ?

L’on entend souvent ces notions : finance verte, fonds vert, économie verte. Que faut-il retenir d’elles, concrètement ? Khadim Diop, expert financier et Conseiller technique à la Caisse des Dépôts et Consignations du Sénégal, explique : « ces termes englobent l'ensemble des opérations financières ayant pour finalité de favoriser la transition énergétique et lutter contre le réchauffement climatique ».

De fait, avec l’Accord de Paris qui fixe l’objectif d’un réchauffement climatique ne dépassant pas les 1,5 degrés, les Banques centrales européennes et les grands organismes de financement s'intéressent de plus en plus aux projets qui jouent en faveur du climat, constate M. Diop. Donc, observe-t-il, en Afrique, on le voit avec la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD), qui dans ses politiques et projets environnementaux, veille sur l'impact de ces projets verts sur l'environnement à travers la responsabilité sociétale des entreprises (RSE). C’est donc un sujet qui prend de l’ampleur en Afrique et dans le monde. »

Un produit à promouvoir

Dans les pays en voie de développement et les pays moins avancés, soutient M. Diop, les fonds verts sont présents et s’orientent vers les projets verts. « Nous avons, l'Agence Française de Développement (AFD), la Banque Allemande de Développement et la Banque Européenne d’Investissement qui sont très actives. Elles sont plus enclines à mettre de l'argent dans ce secteur pour maintenir la dynamique de la finance verte.  Donc  au Sénégal, c’est le moment de saisir ces opportunités en mettant en place des projets verts, que ce soit sur le plan de la construction immobilière, ou de la production industrielle », suggère-t-il.

Pour aller plus loin, l’expert financier cite la Caisse des Dépôts québécoise qui, dit-il, est venue au Sénégal, il n'y a pas longtemps pour investir dans un fonds vert. « Ils ont un budget aux environs de 4000 milliards de dollars et cela les intéresse par exemple de voir comment impacter le secteur agricole, installer des pompes hydrauliques et panneaux solaires dans les zones reculées. Donc tout cela, ce sont des projets pour la petite et moyenne entreprise sénégalaise. Ainsi ils permettront d’accompagner le changement du monde rural et de lutter contre le réchauffement climatique au Sénégal », ajoute-t-il.

Au vu de ces réalités, le Conseiller Technique en investissement à la CDC du Sénégal trouve la nécessité de réfléchir et voir comment les projets du Sénégal pourraient avoir cet aspect vert.   Il faudrait alors, avance-t-il, que la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), en tant régulateur, puisse promouvoir ce nouveau produit et fasse « en sorte que les banques présentes au Sénégal à travers le financement classique, commencent à investir dans des projets verts. »

Pour attirer ces fonds verts au Sénégal, M. Diop estime également, que l'État pourrait accompagner les promoteurs du Secteur privé, car à son avis, le Privé est le fer de lance qui doit aller chercher ces investissements pour développer les projets verts. Ce qui relèverait de l’État, quant à lui, ce serait la mise en place de mécanismes d'investissement par le biais des projets publics structurants qui facilitent le financement d’activités intégrant les métiers verts dans le secteur agricole par exemple.

Faut-il, tout de même, craindre que les agences de notation financière influencent le choix des investisseurs dans ce secteur de la finance verte en Afrique ? Khadim Diop pense plutôt le contraire. A son avis, les agences sont de plus en plus ouvertes et clémentes, lorsque les émissions obligataires ou obligations sont destinés à financer un projet vert.

« On peut le constater à la BOAD qui, il y a quelques années, a lancé une émission obligataire avec le Green bank d'environ 750 millions d'euros. Ce montant a été souscrit 5 fois plus, un grand succès! Juste pour dire à quel point ce type d'investissement attire les investisseurs institutionnels et les capitaux étrangers », affirme-t-il.

Par Ibrahima MINTHE