Pétrole et gaz au Sénégal : investissement et distribution des recettes au menu d’un atelier

Le Bureau opérationnel de suivi (Bos) du Plan Sénégal émergent a présenté, aujourd’hui, une étude d’impact de l’allocation optimale des ressources pétrolières et gazières. C’était au cours d’un atelier durant lequel l’équipe du BOS a exposé les orientations à suivre pour l’investissement et la distribution des recettes issues de l’exploitation des hydrocarbures.

Pétrole et gaz au Sénégal : investissement et distribution des recettes au menu d’un atelier

A deux semaines de 2023, année au cours de laquelle il est prévu le démarrage de l’exploitation du pétrole et du gaz au Sénégal, le Bureau opérationnel suivi (Bos) du Plan Sénégal émergent a présenté une étude d’impact de l’allocation optimale des ressources pétrolières et gazières. C’était au cours d’un atelier durant lequel Ousseyni Kane, directeur du BOS, a annoncé que 900 milliards de francs CFA de recettes vont s’ajouter au budget du Sénégal avec l’exploitation des hydrocarbures.

Cette étude qui a duré sept mois « en consultation avec tous les acteurs du secteur privé, de la société civile, des universités, des ministères sectoriels a donné des résultats probants », renseigne Seydina Ousmane Sène, conseiller technique au ministère de l’Economie du Plan et de la Coopération présent à l’atelier.

L’objectif de l’étude, informe le DG du BOS, c’est de savoir dans quel secteur le Sénégal doit investir les recettes issues des hydrocarbures «pour atteindre les meilleurs résultats ». Pour ce faire, il a évoqué  des  cas similaires comme celui  de la Norvège, du Tchad, de l'Ouganda ou encore du Niger sur lesquels l’étude s’est basée sur  comment ces  pays « ont utilisé ces ressources ».

Ainsi, informe-t-il, «une démarche de répartition a été proposée au Sénégal dans l’allocation des ressources de la  meilleure manière, pour créer les conditions d'une croissance inclusive, réduire les inégalités, la pauvreté, mais aussi d'impacter sur le capital humain.»

Investir dans les secteurs sensibles

M. Kane soutient, par ailleurs,  que les résultats de l’étude présentée au cours de cet atelier« recommandent à ce que les investissements prévus, dans le budget général, soient axés sur l'agriculture, les  transports, l'énergie, l'éducation, la santé, l'eau et l'assainissement.» Tout en  espérant que ces investissements auront  un impact «extrêmement  important.»

Orienter les investissements vers ces secteurs, c’est  permettre au Sénégal de toucher les quatre objectifs du développement durable, soutient Seydina Ousmane Sène. « Ces secteurs nous montrent qu’il y a un nexus qui va permettre  de revigorer les moteurs de croissance de ce pays», ajoute le conseiller au ministère de l’économie du plan et de la coopération.

Cadre réglementaire

Le Sénégal, en devenant producteur de pétrole, va changer de statut, soutient le DG de BOS. Ce qui, dit-il, va induire aussi des « changements importants » dans la  structure économique et sociale du pays. « Il est attendu dans ces 3 années, presque 900 milliards en recettes qui vont abonder sur le budget de l'État. Et la croissance de notre pays va quasiment doubler en une année, en passant de 4,3% à plus de 10%. Ce changement doit être encadré».

La bonne gestion des hydrocarbures ne serait alors une réussite sans la mise en place d’un cadre juridique et réglementaire. A ce niveau Seydina Ousmane Sène est serein : « Les lois et règlements qui encadrent  le partage sont déjà là. Le plan a bien montré qu’au Sénégal, il  y a une  politique avant-gardiste par rapport à la redistribution de ces recettes à travers les fonds intergénérationnels, le fonds d'investissement prioritaire. Et je pense qu’avec ces trois  instruments, bien dégagés, le Sénégal est déjà prêt pour éviter ce qu'on appelle le syndrome  hollandais », soutient-il.

Le DG du Bos n’en pense pas moins. Il est convaincu de la nécessité de la mise place d’un cadre juridique et «  une volonté politique forte ». Cela a été, dit-il, le cas avec l’élaboration  d’un texte réglementaire pour encadrer, «aussi bien la gouvernance du secteur du pétrole et du gaz. Mais, aussi, en adoptant une loi sur la répartition de ces ressources de manière figée avec la participation de l'ensemble du pouvoir législatif», dit-il.

Ibrahima MINTHE