Enjeux environnementaux et économiques : Le partenariat entre Woodside Sénégal et la SAR sous la loupe

Enjeux environnementaux et économiques : Le partenariat entre Woodside Sénégal et la SAR sous la loupe

La récente rencontre entre Woodside Sénégal et la Société africaine de raffinage (SAR) a suscité des discussions autour des opportunités économiques et des préoccupations environnementales. Alors que le Sénégal se prépare à intégrer le brut de Sangomar dans sa chaîne de production énergétique, les enjeux de cette collaboration vont bien au-delà de la simple augmentation des capacités de raffinage.

Le champ pétrolier offshore de Sangomar, exploité par la compagnie australienne Woodside, représente un potentiel significatif pour l'économie sénégalaise. La disponibilité du premier baril de brut, annoncée récemment, a ouvert la voie à une collaboration avec la SAR pour le traitement et le raffinage de cette ressource. Cependant, cette expansion pose la question de l'équilibre entre le développement économique et la préservation de l'environnement.

Le projet "SAR 2.0", lancé par la Société africaine de raffinage, vise à augmenter la capacité de raffinage à 5 millions de tonnes par an et à diversifier les activités vers la pétrochimie. Bien que cette initiative puisse stimuler la croissance économique, elle soulève également des questions sur l'empreinte écologique accrue de ces activités industrielles. Les autorités sénégalaises et leurs partenaires devront naviguer avec soin pour minimiser l'impact environnemental tout en maximisant les bénéfices économiques.

Lors de la rencontre, la SAR a présenté ses initiatives, notamment le projet ACATBS, qui vise à adapter les installations pour traiter le brut de Sangomar et à augmenter les capacités de stockage. Avec une augmentation prévue de la capacité de raffinage de 1,2 à 1,5 million de tonnes par an, le Sénégal se positionne pour devenir un acteur majeur dans le secteur des hydrocarbures en Afrique de l'Ouest. Toutefois, cette expansion nécessite une gestion rigoureuse des ressources pour éviter les risques de pollution et de surexploitation.

La diversification vers la pétrochimie, annoncée par la SAR, est une étape stratégique pour réduire la dépendance du Sénégal aux importations de produits dérivés du pétrole. Toutefois, cette transition vers une industrie plus intégrée comporte des défis, notamment en termes de technologie, de formation de la main-d'œuvre et de gestion des déchets. L'impact environnemental de l'expansion pétrochimique devra être évalué avec soin, avec une attention particulière portée aux émissions de gaz à effet de serre et à la gestion des déchets industriels.

Pour que le partenariat entre Woodside et la SAR soit véritablement "gagnant-gagnant", il est essentiel que les régulations environnementales soient renforcées et que les processus décisionnels soient transparents. La société civile, les ONG et les institutions de surveillance doivent être impliquées pour garantir que les projets respectent les normes environnementales et bénéficient réellement à la population sénégalaise.

Le développement du champ de Sangomar et l'expansion de la SAR représentent une opportunité unique pour le Sénégal de renforcer son économie énergétique. Cependant, pour que cette croissance soit durable, il est crucial d'aborder de manière proactive les défis environnementaux et de garantir une gestion transparente et responsable des ressources naturelles. Le Sénégal se trouve à un carrefour, avec l'occasion de devenir un leader régional en matière de développement énergétique durable.

Par Ndiaye DIOP/Urbasen