Le Sénégal Face à une Menace Économique : Les Changements Climatiques Pourraient Réduire le PIB de 8% d’ici 2030

Le Sénégal Face à une Menace Économique : Les Changements Climatiques Pourraient Réduire le PIB de 8% d’ici 2030

Le Sénégal pourrait faire face à une perte significative de son PIB d’ici 2030 en raison des effets des changements climatiques, a averti Leila Adamou Arouna, experte en pastoralisme durable à la Commission climat pour la région du Sahel (CCRS). Lors d'un atelier à Dakar, elle a cité une étude de la Banque mondiale prévoyant une réduction possible de 8% du PIB sénégalais, principalement en raison de la dépendance de l’économie à l’agriculture et à l’élevage, secteurs particulièrement vulnérables aux variations climatiques.

Leila Adamou Arouna a souligné que cette situation touchera particulièrement les revenus des personnes les plus vulnérables. Cet avertissement a été lancé lors d’un atelier de validation des besoins en renforcement de capacités dans le domaine de l’adaptation aux changements climatiques. L'atelier, organisé par la Direction du changement climatique, de la transition écologique et des financements verts (DCCTEFV) du ministère de l’Environnement et de la Transition écologique, s'inscrit dans le cadre du projet de mise en œuvre des priorités régionales et nationales d’adaptation en Afrique centrale et de l’Ouest (PACO).

Le projet bénéficie du soutien de la Commission climat pour la région du Sahel (CCRS) et du ministère de l’Environnement de la République Fédérale d’Allemagne, visant à aider les pays du Sahel à mettre en œuvre leurs plans nationaux d’adaptation et leurs contributions déterminées nationales (CDN). Ces plans, élaborés dans le cadre de l’Accord de Paris sur le climat, visent à réduire les émissions de gaz à effet de serre et à renforcer l’adaptation aux effets des changements climatiques.

L'impact des changements climatiques sur le Sénégal est déjà perceptible. Une étude de l’Organisation internationale du travail (OIT) publiée en avril 2022 a mis en évidence des phénomènes tels que la baisse des précipitations, l'augmentation de l'évapotranspiration, et une diminution de plus de 50% du débit des fleuves Sénégal et Gambie. Ces phénomènes entraînent également la remontée des eaux marines dans les cours d’eau de la Casamance et du Sine-Saloum, une baisse générale du niveau des nappes phréatiques, l’assèchement des rivières continentales, et la salinisation des eaux douces et des terres.

Pour faire face à ces défis, Leila Adamou Arouna a insisté sur la nécessité de promouvoir des actions de réponse cohérentes et durables, basées sur une approche globale visant à renforcer la résilience et l’adaptation des communautés. Elle a également souligné l’importance de la coopération régionale pour soutenir les pays du Sahel dans leurs efforts d’adaptation aux effets des changements climatiques.

Le colonel Pape Assane Ndour, ingénieur des eaux et forêts et conseiller technique du ministre de l’Environnement et de la Transition écologique du Sénégal, a ajouté que les changements climatiques constituent un défi commun que les États doivent combattre dans la solidarité. Il a averti que jusqu’à 13,5 millions de personnes supplémentaires pourraient tomber dans la pauvreté dans la sous-région d’ici 2050 si des mesures d’adaptation ne sont pas mises en place, soulignant l'urgence d'une action concertée et immédiate.

Par Bassirou FALL/Urbasen