Pétrole & Gaz : Petrosen accumule une dette de 800 milliards F CFA
La situation financière de Petrosen Holding, société détenue à 100% par l'État du Sénégal, révèle des défis majeurs pour le secteur pétro-gazier du pays. Alioune Guèye, Directeur général de Petrosen, a dévoilé une dette massive de 800 milliards de francs CFA lors d'un dialogue avec des parlementaires organisé par le Forum Civil le mardi 23 juillet 2024. Cette révélation souligne les difficultés financières auxquelles est confrontée l'industrie pétrolière sénégalaise, malgré les promesses initiales de prospérité économique.
Petrosen, impliquée dans les projets de développement des champs pétroliers et gaziers de Sangomar et GTA, doit faire face à une dette contractée à des taux d’intérêt élevés de 6,5% à 7%. "Aujourd’hui, pour le développement du champ de Sangomar, qui nous a coûté 5 milliards de dollars, et le développement de GTA, qui nous coûte près de 8 milliards de dollars par État (Sénégal et Mauritanie), les parts de Petrosen doivent être payées. Mais puisque Petrosen et l’État du Sénégal n’avaient pas cet argent, les compagnies nous ont prêté de l’argent", a expliqué Alioune Guèye.
Cette dette dépasse les recettes annuelles prévisionnelles attendues de l’exploitation des ressources pétro-gazières, estimées à 700 milliards de francs CFA. Le président du conseil d’administration de l’Agence pour la promotion des investissements et des grands travaux (Apix), Lansana Gagny Sakho, avait déjà anticipé ce problème en déclarant que le Sénégal avait "loupé le coche dès le départ" en ce qui concerne l’exploitation des gisements de pétrole et de gaz.
Pour rassurer les Sénégalais, Alioune Guèye a annoncé que cette dette de 800 milliards de francs CFA serait renégociée en faveur du Sénégal. Cependant, cette opération de renégociation s’annonce complexe et délicate, car sans compromis avec les opérateurs, les différentes parties pourraient se diriger vers un arbitrage.
Cette situation met en lumière les défis structurels et financiers que le Sénégal doit relever pour tirer pleinement parti de ses ressources naturelles. Le pays doit non seulement gérer efficacement ses dettes, mais aussi améliorer les conditions de négociation des contrats futurs pour éviter de tels impasses financières. La capacité du Sénégal à surmonter ces obstacles sera déterminante pour assurer une exploitation durable et profitable de ses ressources pétrolières et gazières.
Par Mbeurgou FALL/Urbasen
