UEMOA : Une approche innovante pour la gestion transfrontalière du bassin du fleuve Sénégal
Aujourd'hui, à Dakar, les ministres chargés de l’aménagement du territoire et de la gestion des frontières se sont réunis pour valider une initiative sans précédent : le Schéma d’aménagement transfrontalier intégré du Bassin du fleuve Sénégal (SATI-BFS). Cette réunion marque un tournant dans la manière dont les nations riveraines abordent la gestion et le développement de cette région vitale.
Loin d'être une simple formalité administrative, cette validation symbolise un engagement profond envers une coopération transfrontalière qui transcende les frontières politiques pour aborder des enjeux communs. Le ministre sénégalais de l’Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l’Aménagement des territoires, Moussa Bala Fofana, a présidé cette rencontre, soulignant l’importance de cette démarche collaborative.
Le SATI-BFS n'est pas seulement un plan d'aménagement, mais une vision stratégique pour l'avenir. Ce schéma vise à transformer le bassin du fleuve Sénégal en un modèle de développement durable, où les ressources naturelles sont gérées de manière concertée et où les communautés locales bénéficient directement des projets mis en œuvre.
Cette initiative innovante est soutenue par l’UEMOA et financée par la coopération suisse. Jonas Gbian, commissaire chargé du département de l'aménagement du territoire communautaire et des transports de l’UEMOA, a expliqué que le SATI-BFS est un outil novateur qui permettra un développement équilibré et harmonieux de l'espace communautaire. "Nous avons maintenant une base solide pour promouvoir une économie territoriale durable et améliorer l'accès aux services sociaux de base", a-t-il déclaré.
Le bassin du fleuve Sénégal, qui traverse la Guinée-Conakry, le Mali, la Mauritanie et le Sénégal, est un exemple parfait de la manière dont les frontières peuvent devenir des ponts plutôt que des barrières. Les quatre espaces de projets identifiés dans le SATI-BFS – Bakel-Kayes-Sélibabi, Kédougou-Mali-Kéniéba, Kita-Siguiri-Dinguiraye, et Matam-Kaédi – seront des zones pilotes pour cette approche intégrée.
L'objectif ultime est de faire du bassin du fleuve Sénégal un territoire sécurisé, viable et tiré par ses ressources naturelles et potentialités agropastorales d'ici 2044. Ce projet ambitieux repose sur cinq axes stratégiques : la promotion d'une économie territoriale durable, l'amélioration de l'accès aux services sociaux de base, la gestion intégrée des ressources naturelles, le renforcement de la cohésion sociale, et la promotion d'une gouvernance transfrontalière.
Le Réseau des maires du bassin du fleuve Sénégal (RMBFS) joue un rôle crucial dans cette initiative. En consolidant les dynamiques d'échange et de concertation multi-acteurs, le RMBFS s'efforce de promouvoir des projets structurants et de porter un plaidoyer pour une implication accrue des collectivités locales. "Nous travaillons à faire de la coopération transfrontalière un levier de développement durable et de promotion de la paix dans le bassin du fleuve Sénégal", a déclaré un représentant du RMBFS.
Cette démarche participative, lancée en novembre 2021, a abouti à un outil transfrontalier finalisé en décembre 2023. Le processus a été marqué par une collaboration intense et une volonté partagée de surmonter les défis communs.
La réunion de validation du SATI-BFS à Dakar représente un espoir renouvelé pour les communautés du bassin du fleuve Sénégal. En adoptant une approche transfrontalière innovante, les pays riverains montrent que la coopération et la gestion concertée des ressources peuvent conduire à un avenir plus prospère et durable pour tous.
Par Bassirou FALL / Urbasen
