Matam : Vers une Gouvernance Améliorée du Secteur de l'Eau et de l'Assainissement

Matam : Vers une Gouvernance Améliorée du Secteur de l'Eau et de l'Assainissement

La région de Matam, située dans le nord du Sénégal, se trouve à un tournant décisif en matière de gestion des ressources hydrauliques et de l'assainissement. Les concertations régionales tenues mardi ont mis en lumière les défis critiques auxquels la région est confrontée, tout en dessinant les contours d'une nouvelle politique sectorielle visant à renforcer la gouvernance et à améliorer la qualité de vie des habitants.

Lors de ces rencontres, dirigées par le gouverneur Mouhamadou Moctar Watt, les discussions ont révélé les lacunes structurelles qui freinent une gestion efficace du secteur. M. Watt a mis en exergue l’hétérogénéité des modes de gestion en vigueur dans la région, un obstacle majeur à une gouvernance unifiée et cohérente. "Nous observons une coexistence de différents modèles de gestion, certains ouvrages étant confiés à des gérants indépendants, tandis que d'autres sont administrés par des comités ad hoc," a-t-il déclaré, soulignant la nécessité d'une harmonisation des pratiques.

La qualité de l’eau constitue un autre enjeu de taille, notamment en raison de la pollution du fleuve Sénégal, exacerbée par les affluents tels que la Falémé. Les eaux de surface, chargées en fer, compliquent l’accès à une eau de qualité pour les populations locales. "Il est impératif de protéger nos sources d’eau, car elles sont vitales pour la région," a insisté M. Watt, appelant à une action concertée pour prévenir une dégradation supplémentaire de ces ressources précieuses.

Le transfert d'eau à partir des zones du Diéry et du Ferlo vers l'est de Matam, une région particulièrement touchée par l’insuffisance des infrastructures hydrauliques, a été identifié comme une solution potentielle pour pallier ces défis. Ce projet ambitieux, s'il est réalisé, pourrait transformer l'accès à l'eau dans cette partie de la région, contribuant ainsi à une meilleure équité territoriale.

En parallèle, la question de l’assainissement et de la gestion des déchets solides a également occupé une place centrale dans les discussions. Les collectivités territoriales, bien que conscientes de l’urgence d’agir, se heurtent à des limites financières et humaines. Pour y remédier, une assistance renforcée de l’État est nécessaire, notamment pour la mise en place de systèmes de collecte et de traitement des déchets.

Madické Cissé, chef de la délégation du ministère de l’Eau et de l’Assainissement, a souligné l'importance de cette initiative pour l'avenir de la région. "Ces concertations vont au-delà de simples discussions ; elles sont le prélude à une nouvelle ère pour la gouvernance du secteur de l’eau et de l’assainissement à Matam," a-t-il affirmé. La politique sectorielle en cours d'élaboration devra non seulement s'attaquer aux défis identifiés, mais aussi anticiper les besoins futurs, en tenant compte des spécificités locales.

Alors que la région de Matam se prépare à mettre en œuvre ces nouvelles orientations, l'espoir d'une meilleure gestion des ressources hydrauliques et d'une amélioration des conditions de vie des populations locales grandit. Ces efforts conjoints, s'ils sont soutenus par une gouvernance renforcée et une action coordonnée de l'État, pourraient bien marquer le début d'une transformation durable pour la région.

Par Bassirou FALL/Urbasen