Baie de Hann : Une plage toujours sous l’emprise de la pollution

Malgré le démarrage de sa dépollution en septembre 2020, la baie de Hann se dégrade de plus en plus sous les déchets plastiques, liquides et industriels.

Baie de Hann : Une plage toujours sous l’emprise de la pollution

Considérée autrefois comme une des plus belles plages de Dakar, la baie de Hann se débat plus que jamais contre la pollution. A Hann Yarakh, tout au long de la plage, des déchets de tout genre jonchent le sable : sachets et bouteilles plastiques, filets de pêche, morceaux de bois, venant certainement des pirogues gâtées, et des pneus sont entassés çà et là. D’autres ayant duré à l’endroit sont enfoncés dans le sable humide. Une odeur que l’on reconnaît aux fosses septiques monte dans l’air et se propage un peu partout.

 Au long du rivage, la couleur de l’eau est noirâtre. Lorsque le vent agite la mer, les vagues rejettent cette eau polluée et des déchets de tout genre sur le sable. 

80% des industries du pays sont installées dans cette zone et rejettent leurs eaux usées non traitées dans la mer.

Malgré une pollution très accentuée, l’on voit une très belle plage au sable fin dont la beauté n’est pas totalement engloutie par les déchets.

Ce vendredi 18 novembre, le soir, l’endroit est bien animé. Des pirogues sont amarrées tout au long de la rive. Des pêcheurs sont assis au milieu des déchets plastique, préparent l’ataya, le thé sénégalais. D'autres larguent les amarres. Ils ont tous l’air de ne vivre aucune angoisse liée à ce scandale écologique. Pourtant ils confessent tous ne pas avoir le choix.

A voir l’endroit, l’on pourrait facilement imputer la présence de ces déchets aux riverains et pêcheurs.

Interpellé sur ce problème écologique, un jeune pêcheur, Mor Fall, assis près d’une pirogue, n’est pas du tout de bonne humeur lorsqu’il s'agit de parler de l’état de la baie. Il ne dédouane pas les riverains qui, selon lui, sont en partie responsables de la présence de ces déchets. « Mais une grande partie nous vient d’autres localités comme Thiaroye, Mbao et des industries », dit-il. « Les autorités ne font rien pour nous débarrasser de cette pollution. De notre côté, nous ramassons chaque jour des ordures pour ensuite les brûler afin d’améliorer le décor, mais nous ne pouvons rien contre cette pollution. »

A quelques pas de lui, trois pêcheurs sont en train de faire du thé près d’une pirogue, des déchets entassés autour d’eux. Cela les dérange vraiment ? « Bien sûr !», répond l’un deux, Ahmed. « Mais, on n’a pas le choix. D’ailleurs aujourd’hui l’endroit n’est pas si sale comparé aux autres jours, où l’on est obligé de donner un coup de balai et de râteaux », fait-il savoir.

Blocage des travaux de dépollution

Djibril est un acteur communautaire, président d’un collectif pour la défense des intérêts de Hann. Il informe qu’en partenariat avec l’Union européenne leur collectif a créé une brigade de propreté. L’objectif, explique-t-il, est d’impliquer les jeunes volontaires de la localité afin qu’ils veillent à ce que les riverains ne continuent pas à polluer l’endroit. « Toutes les maisons environnantes sont connectées au niveau réseau d'assainissement. Donc les gens ne doivent plus déposer leurs déchets ménagers au niveau de la baie », fait-il savoir.

Le 25 septembre 2020, les travaux de dépollution de la baie de Hann ont été lancés. Le Sénégal, les Pays-bas, la Chine et la France ont mobilisé, à travers un partenariat, la somme de 100 milliards de FCFA à cet effet. Mais actuellement les travaux sont à l'arrêt.

Djibril Diop, comme beaucoup d’autres habitants de la zone, s’interroge sur l’arrêt de ces travaux qui au début, informe-t-il, avaient provoqué de l’enthousiasme. « Nous sommes vraiment déçus de cet arrêt des travaux.  Nous nous sommes pourtant mobilisés pour que le projet de dépollution de la baie de Hann se concrétise. Actuellement tout est à l'arrêt ! Ce qui fait surtout mal est que personne ne sait ce qui en est la cause. Alors, la dégradation de la baie continue », soutient-il.

Ibrahima MINTHE